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Racine écrivit pour les jeunes Saint-Cyriennes et que, par une heureuse tradition, représentaient jadis tous les
pensionnats de jeunes filles: les vers lui en revenaient en foule:
Tout l'univers est plein de sa magnificence: Qu'on l'adore, ce Dieu! qu'on l'invoque à jamais...
Elle les récitait avec cette émotion qu'elle apportait aux choses religieuses, et son accent me touchait plus
directement que cet art savant qui me dépassait.
LIVRE II 43
La Maison
Un autre petit livre devait m'ouvrir à la poésie: c'était un livre de ballades. Un chevalier ravissait dans une
forêt, à Titania, reine des elfes et des sylphes, la coupe du bonheur et l'emportait dans son château au galop de
son cheval. Une petite fille, au bord d'un torrent, chantait la romance du nid de cygne caché parmi les roseaux
et rêvait d'un chevalier qui viendrait sur un cheval rouan. Le lord de Burleigh épousait une bergère qui, dans le
palais où il l'emmenait, languissait et mourait du regret de son village et de sa chaumière. Comme je
partageais leurs désirs et leurs mélancolies! Leurs peines de coeur me versaient un mal délicieux que je ne
savais pas approfondir. Cependant, je commençais à discerner que nous avons en nous-même une source
jaillissante de jouissances infiniment délicates.
Mon père se méfiât-il de ces excitations comme de la musique de grand- père? Il m'apporta de courtes et
claires biographies de grands hommes. Ce n'est jamais trop tôt pour se colleter avec elles. On prend l'habitude
de se comparer à des héros et l'on ne manque pas de se dire : «J'ai le temps devant moi. Je veux, à leur âge, les
avoir enfoncés...» Peu à peu on recherche ceux dont les exploits furent tardifs. J'avais lu, sur je ne sais plus
lequel de ces personnages exemplaires, qu'il était entré à l'école de l'adversité. Et cette école, que j'imaginais
pour le moins aussi difficile que Polytechnique ou Saint-Cyr, à quoi se destinait mon frère Bernard, je brûlais
de m'y présenter. Je ne savais pas que c'est la seule qui n'exige aucun examen, aucune démarche, surtout
aucune recommandation. Je confiai mon désir à ma mère. Elle sourit, ce qui me contraria, et m'assura que je
m'y présenterais en effet, niais qu'elle souhaitait que ce fût le plus tard possible.
Ces lectures se traduisaient chez moi par un état d'enthousiasme et de gloire. Je n'eusse pas compris l'ironie.
Dans ma famille, personne ne s'en servait. Il n'y avait que le petit rire de grand~père. Mes parents aimaient la
gaieté, se plaisaient même au bruit que nous faisions, mais ils ne se moquaient jamais. Ils prenaient la vie
sérieusement, comme une occasion de bien agir, et ils estimaient qu'elle mérite les plus grands égards. A la
première visite qu'il daigna me faire après s'être assuré de ma guérison, grand-père, feuilletant ma
bibliothèque, laissa échapper des exclamations:
Oh! oh! la Bible et les Hommes illustres! Pauvre petit! Attends, attends, je t'en apporterai, moi, des livres.
Et il m'apporta, en effet, les Scènes de la vie privée et publique des animaux et les Aventures de trois vieux
marins, tous deux ornés d'illustrations. Ce dernier volume était dans un piteux état: déficelées, les feuilles s'en
allaient, et la fin manquait ainsi que la couverture. Il devait être traduit de l'anglais et son humour me
déconcerta. Ces trois marins, échappés d'un naufrage, abordaient dans une île déserte où ils étaient poursuivis
par un tigre. Ils grimpaient sur un arbre pour échapper à cette bête féroce, et on les voyait, sur la gravure,
agrippés au tronc, juchés les uns sur les autres, les cheveux hérissés, les yeux hagards, les doigts de pieds
crispés. Le fauve bondissait pour les atteindre. On pouvait prévoir qu'avec un peu d'entraînement il les
atteindrait. Alors, dans une résolution farouche, inspirée de la nécessité la plus impérieuse, les deux plus haut
perchés pesaient de tout leur poids sur celui du bas, afin de le forcer à lâcher prise, espérant que cette proie
suffirait à assouvir la rage de l'assaillant. Et tout en s'alourdissant de leur mieux, ils adressaient à leur
malheureux compagnon des paroles funèbres et touchantes:
Adieu, Jérémie (c'était son triste nom), nous irons consoler votre pauvre père et votre fiancée...
Mais Jérémie, comme Rachel, ne tenait pas aux consolations et se raidissait pour ne pas lâcher prise.
Accoutumé aux récits héroïques, je me fâchai contre ces traîtres.
Les Scènes de la vie des animaux me parurent plus chargées de sens. C'était un recueil bigarré, que toutes les
bibliothèques d'autrefois s'enorgueillissaient de contenir. Les vignettes de Grandville me révélaient chez les
hommes, où je n'avais vu jusqu'alors que l'image de Dieu, les traces de l'animalité. Les animaux du livre
étaient costumés en hommes et en femmes, et leur ressemblaient. Je me familiarisai vite avec ce procédé: les
déguisements étaient si naturels! Voici l'hirondelle en facteur, le chien en laquais, le lapin en petit employé
subalterne, et voilà le vautour en propriétaire, le lion en vieux beau, le dindon en banquier, l'âne en
LIVRE II 44
La Maison
académicien. Le mille-pattes joue du piano et la demoiselle danse sur la corde pendant que le criquet se fait
une trompette de la corolle d'un liseron. Le caméléon, député, monte à la tribune pour affirmer qu'il est
heureux et fier d'être comme toujours de l'avis de tout le monde. Le requin et la scie revêtent des blouses de
chirurgiens et déclarent honnêtement: «Nous allons inciser les muscles, trancher les os, en un mot guérir les
malades.» Le loup, meurtrier d'une brebis, lit dans sa prison les Idylles de Mme Deshoulières, tandis que la
célébrité lui vient sous la forme d'une complainte que vendent les camelots et qui se chante sur l'air de
Fualdès:
Écoutez, Canards et Pies, Geais, Dindons, Corbeaux et Freux, Le récit d'un crime affreux Et bien digne des
Harpies. L'auteur de cet attentat Fut un loup peu délicat.
L'ours se plaît dans la solitude familiale: on le voit qui chauffe son dernier-né en le tenant par les pattes
devant le feu; sa femme étend du linge à sécher, et un jeune ourson, dans un coin, retrousse sa petite chemise
pour prendre une précaution avant de s'aller coucher ; cependant on sonne à la porte, et la légende explique:
«Nous vivons entre nous, nous détestons les importuns et les visites.» Un perroquet qui agite les ailes sans
réussir à voler représente l'illustre poète Kacatogan. Et la merlette, avec la pie et la corneille, compose un trio
de femmes de lettres. J'ignorais ce que pouvait être une femme de lettres, mais le merle blanc, qui est poète
comme le perroquet, me l'apprit dans ses mémoires: Tandis que je composais mes poèmes, elle barbouillait
des rames de papier. Je lui récitais mes vers à haute voix, et cela ne la gênait nullement pour écrire pendant
ce temps-là. Elle pondait ses romans avec une facilité presque égale à la mienne, choisissant toujours les
sujets les plus dramatiques: des parricides, des rapts, des meurtres, et même jusqu'à des filouteries, ayant
toujours soin, en passant, d'attaquer le gouvernement et de prêcher l'émancipation des Merlettes. En un mot,
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