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fin à la seconde coalition.
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qu il ne put s empêcher de le remarquer. Bolt était toujours offi-
cier en second.
Le capitaine Vincent, d accord en cela avec beaucoup d offi-
ciers de tous grades appartenant à l escadre de Lord Nelson46,
avait ses doutes sur l efficacité de ce système de blocus à dis-
tance dont, apparemment, l amiral ne voulait pas se départir.
On ne pouvait pourtant blâmer Lord Nelson. Tous, dans la
flotte, comprenaient que l idée qu il avait derrière la tête était de
détruire l ennemi, et que si l ennemi était bloqué de plus près,
on ne le verrait jamais sortir pour courir à sa perte. D un autre
côté, il était clair que la méthode employée ne donnait que trop
de chances aux Français de filer au large sans se faire voir et de
disparaître à tous les regards pendant des mois. Ces risques
étaient une constante préoccupation pour le capitaine Vincent
qui s employait avec une ardeur passionnée à remplir la mission
particulière dont on l avait chargé. Ah, s il avait eu une paire
d yeux rivés nuit et jour sur l entrée du port de Toulon ? Ah, s il
avait eu le pouvoir d observer précisément l état des navires
français, de pénétrer les secrets mêmes des esprits français ?
Mais il n en souffla mot à Bolt. Il se contenta de remarquer
que l esprit du gouvernement français avait changé et que celui
des royalistes de la ferme pouvait bien avoir changé aussi, de-
puis qu ils avaient recouvré le droit de pratiquer leur religion.
Bolt répondit qu il avait souvent eu affaire aux royalistes jadis,
quand il servait dans l escadre de Lord Howe, avant et après
l évacuation de Toulon. Des gens de toutes sortes, hommes et
femmes, barbiers et aristocrates, marins et commerçants, à peu
près toutes les espèces imaginables de royalistes ; et son opinion
était qu un royaliste ne changeait jamais. Quant à l endroit lui-
même, il regrettait seulement que le commandant ne l eût pu
46
Nelson avait été fait « Baron Nelson du Nil » en 1798 en récom-
pense de sa victoire sur la flotte française en baie d Aboukir, et en 1801
était devenu vicomte Nelson après l attaque de Copenhague.
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voir. C était un de ces endroits que rien ne peut changer. Il se
permit d affirmer qu il serait exactement le même dans cent ans.
L ardeur de son officier attira sur lui un regard pénétrant
du capitaine Vincent. Ils avaient à peu près le même âge, mais
tandis que Vincent était relativement jeune pour un comman-
dant, Bolt était déjà un vieux second. Ils se comprenaient par-
faitement. Le capitaine Vincent laissa paraître un moment de
nervosité puis déclara distraitement qu il n était pas homme à
mettre la corde au cou d un chien, et moins encore d un bon
marin.
Cette déclaration énigmatique ne fit apparaître aucune
surprise dans le regard attentif de Bolt. Il prit seulement une
expression un peu pensive avant de dire, du même ton pénétré,
qu un officier en uniforme ne risquait pas d être pendu comme
espion. La mission évidemment présentait bien des périls. Pour
qu elle réussît, et en supposant la ferme habitée par les mêmes
gens, il fallait qu elle fût entreprise par un homme bien connu
d eux. Il ajouta qu il était sûr d être identifié. Puis, tandis que
Bolt s étendait sur les excellentes relations qu il avait eues avec
les propriétaires de la ferme, particulièrement avec la maîtresse
du logis, femme avenante et maternelle qui avait été très bonne
pour lui et montrait une grande présence d esprit, le capitaine
Vincent, en regardant les épais favoris de son officier, pensa que
ces ornements suffiraient à eux seuls à le faire reconnaître.
Cette impression fut si forte qu il demanda de but en blanc :
« Vous n avez pas modifié votre système pileux depuis cette
époque, monsieur Bolt ? »
Une légère note d indignation s entendit dans la réponse
négative de Bolt ; car il était fier de ses favoris. Il déclara qu il
était prêt à courir les risques les plus désespérés pour le service
de son roi et de sa patrie.
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Le capitaine Vincent ajouta : « Pour Lord Nelson aussi. »
On comprenait bien où l amiral voulait en venir avec ce blocus à
soixante lieues de distance. Il parlait à un marin, et point n était
besoin d en dire plus. Bolt croyait-il pouvoir persuader ces gens
de le cacher chez eux, sur cette pointe déserte de la presqu île,
pendant assez longtemps ? Bolt pensait que c était la chose la
plus simple du monde ; il n aurait qu à monter là-haut renouer
les relations anciennes, mais il n avait pas l intention de le faire
avec témérité. Cela devait se faire la nuit, quand personne ne
bougerait. Il débarquerait exactement au même endroit que ja-
dis, enveloppé d un caban de marin méditerranéen il en avait
un à lui pardessus son uniforme et il irait tout droit frapper à
la porte. Il y avait dix chances contre une que le fermier en per-
sonne vienne lui ouvrir. Il savait assez le français maintenant,
pensait-il, pour persuader ces gens de le cacher dans une cham-
bre qui aurait vue dans la bonne direction et il se fixerait là pen-
dant des jours aux aguets, sans prendre d exercice autrement
qu au milieu de la nuit ni d autre nourriture que du pain et de
l eau, si c était nécessaire, pour ne pas éveiller de soupçons
parmi les garçons de ferme. Et qui sait si, avec l aide du fermier,
il n obtiendrait pas des renseignements sur ce qui se passait ré-
ellement à l intérieur du port. Et puis, de temps en temps, il
descendrait, la nuit, pour envoyer un signal au navire et aller au
rapport. Bolt exprima l espoir de voir l Amelia rester autant que
possible en vue de la côte. Cela le réconforterait de la voir dans
les parages. Le capitaine Vincent, naturellement, acquiesça. Il fit
remarquer toutefois à Bolt que son poste n aurait que plus d im-
portance si le navire devait être éloigné par l ennemi ou drossé
par le mauvais temps, comme cela pourrait bien arriver. « Vous
seriez, alors, l Sil même de l escadre de Lord Nelson, monsieur
Bolt& pensez-y. L Sil même de l escadre de Lord Nelson ! »
Après avoir dépêché son officier, le capitaine Vincent passa
la nuit sur le pont. Le lever du jour vint enfin, beaucoup plus
pâle que la lune qu il remplaçait. Et toujours pas d embarcation.
Aussi le capitaine Vincent se demanda-t-il de nouveau s il
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n avait pas agi imprudemment. Impénétrable, l air aussi dispos
que s il venait seulement de monter sur le pont, il débattit la
chose avec lui-même jusqu à ce que le soleil levant, éclairant la
crête de l île de Porquerolles, vînt darder ses rayons horizontaux
sur son navire dont la rosée assombrissait les voiles et faisait
dégoutter le gréement. Il se secoua alors pour dire à son pre-
mier lieutenant de mettre les embarcations à l eau pour prendre
le bâtiment en remorque et l éloigner de la côte. Le coup de ca-
non qu il avait fait tirer exprimait simplement son irritation.
L Amelia, le cap sur le milieu de la Passe, avançait comme une
tortue derrière le chapelet de ses embarcations. Des minutes
s écoulèrent. Et tout à coup, le capitaine Vincent aperçut son
canot qui nageait en rasant la terre, conformément aux ordres.
Quand il fut presque par le travers du navire, il obliqua pour
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